Place des Érables T5 : Variétés E. Méthot & fils by Louise Tremblay D'Essiambre

Auteur:Louise Tremblay D'Essiambre [Louise Tremblay D'Essiambre]
La langue: eng
Format: epub
Éditeur: Guy Saint-Jean
Publié: 2022-06-11T00:00:00+00:00

Partie 3

Hiver 1970

Chapitre 6

« Aujourd’hui

J’ai rencontré l’homme de ma vie

Wow, aujourd’hui

Au grand soleil, en plein midi

On attendait le même feu vert

Lui à pied et moi dans ma Corvette

J’ai dit veux-tu un lift ?

Aujourd’hui

J’ai rencontré l’homme de ma vie

Wow, aujourd’hui

Je l’ai conduit jusque chez lui »

~

J’ai rencontré l’homme de ma vie,

Luc Plamondon / François Cousineau

Interprété par Diane Dufresne, 1972

Le jeudi 12 février 1970,

dans la cuisine des Méthot, alors que Roberte

prépare le souper, tout en revoyant sa vie

Lorsqu’elle était plus jeune, Roberte avait toujours pensé que son mari était un bon père. Pas très présent, certes, mais le pauvre homme était si occupé qu’on ne pouvait lui en tenir rigueur.

Comme il le disait lui-même :

— Il y a juste vingt-quatre heures dans une journée, ma Roberte. Mais des fois, je me dis que c’est ben de valeur ! Oui, oui, j’suis sincère… Gériboire ! J’aimerais ça, moi avec, avoir plus de temps dans mes journées pour pouvoir jouer avec Émilien, comme toi tu fais avec notre belle Laurette !

Roberte comprenait très bien ce que son mari voulait dire, car elle était une mère entièrement dévouée à ses deux enfants. Malgré ce constat, s’il y avait une chose dont elle était certaine, et ce, depuis l’instant où leur fils avait poussé son premier cri, c’était de l’amour qu’éprouvait Eugène pour ses deux moussaillons, comme il appelait Émilien et Laurette. Le regard qu’il avait posé sur bébé Émilien ne pouvait mentir. Et à partir de ce jour, la jeune mère avait été tout à fait d’accord avec son mari sur la plupart des points concernant l’éducation de leurs enfants.

Et malgré le fait que son Eugène passait nettement plus de temps au magasin qu’à la maison, chacune des décisions d’importance concernant les petits avait été prise à deux.

Sinon, la majeure partie du temps, quand son homme travaillait de son côté, Roberte s’occupait seule des enfants. Elle estimait qu’ainsi, chacun faisait sa juste part dans cette vie familiale qui était devenue la leur. Comme elle le racontait parfois en riant :

— De toute façon, durant la journée, c’est juste une bonne affaire de pas avoir mon mari dans les pattes. Comme ça, j’ai pas besoin de répondre à ses mille et une questions. C’est fou ce qu’il peut être curieux, quand il s’agit de nos deux mousses. Ça arrête pas ! Ouais, quand Eugène est dans le magasin, je réussis à faire pas mal plus d’ouvrage dans la maison, pis c’est très bien comme ça !

En revanche, lorsque les deux enfants faisaient leur sieste, en après-midi, Roberte traversait donner un coup de pouce à son homme. Puisqu’Eugène était seul pour voir à tout, de l’accueil des clients à la réception de la marchandise, il peinait à réaliser tout le travail qu’il espérait faire dans sa journée. Alors oui, il appréciait grandement les quelques heures que sa Roberte mettait à sa disposition. Il n’en restait pas moins qu’Eugène passait l’entièreté de ses journées dans le commerce, et une bonne partie de ses soirées penché sur ses cahiers

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